Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
AutreEnJeu2016

CONSEIL DE FAMILLE : théâtre de la Renaissance

CONSEIL DE FAMILLE : théâtre de la Renaissance
Une comédie décapante sur la famille et la vie sociale

    Dans Conseil de famille, on saccage allègrement les poncifs sur les relations entre parents et enfants, les places accordées à chacun en raison de son rang dans la fratrie, les devoirs filiaux ou parentaux... L'heure est au grand déballage, mais vers quoi se dirige-t-on ? Réussira-t-on à crever les abcès comme dans une sorte de thérapie familiale ? Ou s'enfermera-t-on dans une haine jubilatoire, susceptible de devenir un exorcisme individuel ? La férocité des répliques n'attend pas la venue de la mère castratrice et le ton corrosif crée un effet d'attente nous maintenant en haleine. A la manière du Tartuffe, Eva Darlan tarde à venir et le spectateur trépigne d'impatience. Toujours est-il que la piste du drame familial est lancée très vite, avec un cynisme inégalé : comment se débarrasser du poids de la mère ? telle est la question.

       Bien sûr, on n'est pas immergé dans un milieu populaire ou marqué par le dénuement... On est loin de la lutte des classes. Dans un décor bourgeois moderne, dénué de firoritures ou de quelconques bibelots ou photographies, on est immédiatement plongé dans une famille de la classe moyenne supérieure. En effet, les problèmes d'argent paraissent bien accessoires et récents dans ce petit monde où chacun se complaît dans ses habitudes. Le frère aîné semble subvenir aux besoins de tout le monde et les difficultés financières que son entreprise commence à connaître risquent de compromettre le traintrain quotidien de ses frère et soeur ou de sa mère dont le standing pèse trop lourd dans les finances.

    D'abord, nous découvrons une complicité des enfants assez cocasse car il semblerait que chacun ait des comptes à régler ou quelques sarcasmes prêts à l'emploi pour brocarder l'autre, comme si ces saillies étaient bien intégrées à l'univers familial depuis des lustres... Ainsi, la fille se laisse aller à se goinfrer d'amuse-gueule, elle ne paraît pas la mère épanouie qu'elle prétend être...  et les autres le lui rappellent à tout moment. Son mari la délaisse, en serait-elle responsable ? Le benjamin ressemble à un artiste raté qui s'adonne aux délices du dessin érotique, aurait-il besoin d'exprimer des désirs inassouvis et frustrés ? Le frère aîné incarne la réussite sociale mais au fil de la pièce, on est en droit de s'interroger sur la véritable signification de sa carrière professionnelle : ne serait-il pas le sacrifié ? celui qui a eu le besoin insatiable de prouver qu'il méritait l'amour de sa mère ou la gratitude de ses frère et soeur ? Méfions-nous des apparences, mais gardons-nous aussi de nous laisser aller sur la pente facile de l'interprétation psychanalytique à trois sous...

        Globalement, la comédie fonctionne comme une machine bien huilée avec le comique de répétition qui désintègre les équilibres précaires en passe de s'installer momentanément. Dès qu'Eva Darlan fait irruption dans l'appartement du fils, tout se met à voler en éclat. Elle s'apparente à une allégorie de la satire car tout est passé au crible de la critique : les rapports au sein de la fratrie comme les relations entre la mère et les enfants. Chacun y va de son tête-à-tête avec la maman, essayant ou non de renouer un lien sacré, perdu, désiré ou évanescent. Mais cette mère n'hésite pas à déballer ce qu'elle a sur le coeur, à mettre en avant son passé qu'elle regrette : ancienne meneuse de revue, elle caresse sans cesse la période de sa jeunesse prestigieuse, de grande séductrice émérite. Elle ne ménage personne, fait mine de juger chacun en lui rappelant le poids qu'il a représenté dans sa vie de femme éclipsée par le rôle de mère. Elle vomit le statut maternel et clame son exécration des enfants. Chacun en prend pour son grade et l'on peine à compter les points. L'exhibitionnisme et le caractère intrusif de cette femme prêtent à rire, mais dévoilent aussi les gênes et tabous qui paralysent ses propres enfants. C'est le monde à l'envers : loin d'incarner la sagesse du grand âge, la mère revendique le droit de brûler la vie par les deux bouts et de jouir de tous les plaisirs jusqu'à la mort. Elle est totalement décomplexée et voudrait communiquer cette vision conquérante du bonheur à sa progéniture qui lui semble empêtrée dans une routine aliénante. C'est pourquoi nous rions volontiers avec elle. Même si elle reçoit des retours de manivelle, bien mérités...

      Le rôle de l'argent, le pseudo refoulement de l'homosexualité, les comportements addict de tout poil sont mis en scène dans une allégresse destructrice et corrosive ne laissant place à rien d'autre qu'à l'éclat de rire salvateur. Fi des idées gnangnans sur la famille ou les enfants ! Chacun est renvoyé à sa propre romance, à sa capacité à broder sur son histoire. Allez vous y retrouver ! On est loin de tout manichéisme : cela est réjouissant et désopilant. Mais la mécanique du rire se grippe un peu à force de procédés automatiques : on passe tour à tour de la salle à manger où règne la génitrice, à la cuisine où l'on fomente l'empoisonnement de cette mère égoïste et véhémente, ne mâchant pas ses mots pour appuyer là où chacun pourrait avoir mal... Le rythme frénétique est parfois lassant et l'on peine à attraper au vol des répliques cinglantes. Too much donc, par moment. Au point qu'on est inquiet pour le dénouement qui tarde à venir : la mère sera-t-elle trucidée ou acquittée ? Qu'est-ce qui pourra résoudre ce "conseil de famille" ? Mais en général la pièce est plaisante et mérite le détour, d'autant plus que le théâtre de la Renaissance est un lieu agréable, proche du petit écrin (surtout si vous avez la chance de réserver une loge vous confinant dans une atmosphère intime).

 

 

 

http://www.francetvinfo.fr/

Trois enfants qui se réunissent un soir pour diner avec leur mère et qui décide de l'a supprimer, c'est le pitch de "Conseil de famille", une pièce coécrite par la romancière Amanda Sthers et actuellement jouée au théâtre de la Renaissace à Paris. La romancière est ce samedi 10 octobre, l'invitée du Soir 3. Dans cette pièce de théâtre, la vision de la famille y est drôle parfois grinçante. "La mère est une sorte de tyran, elle est dominatrice. Sous couvert de gentillesse, elle va pourrir la vie de ses enfants et les empêcher de vivre", explique Amanda Sthers.

Actrice solaire

C'est Eva Darlan qui joue le rôle de la mère de famille. "Elle a cette chose qu'ont les grands acteurs comme Pierre Arditi. Ce sont des gens tellement solaires et gentils dans la vie qu'on les aime et donc ils peuvent dire les pires choses, on garde une sympathie pour eux. Il fallait cet être là, solaire pour mettre dans la bouche des mots atroces. C'est une pièce grinçante à l'anglaise, il fallait qu'elle accepte aussi cette modernité-là et elle a une vraie jeunesse dans sa façon de jouer", souligne la romancière.

 

Ce n'est pas un portrait de famille modèle que vous offre cette pièce. On est loin d'une simple réunion entre une mère et ses enfants.
Cruelle et décomplexée, la pièce galope au rythme des vannes et des répliques qui font mouche. 
L'action de la pièce séduit par ses rebondissements et son esprit. 
Si les comédiens se régalent, on ne peut qu'espérer que votre famille ne ressemble en rien à celle-là. 
Vous serez prévenus. 

http://www.aubalcon.fr/

Une comédie piquante à l’humour acerbe !

Nous avons des difficultés à croire à la situation de départ. Pourquoi ces enfants veulent-ils du mal à leur mère ? Les blagues un peu clichés se succèdent et nous pensons assister à une comédie comme les autres… Gentillette mais qui sera vite oubliée.

Pourtant, Conseil de Famille sort peu à peu du lot : les personnages passent leur temps à se dire des méchancetés. Pour notre plus grand bonheur.

La mère est si dure que nous aussi commençons à comprendre pourquoi ses enfants veulent se débarrasser d’elle. La soi-disant homosexualité refoulée de l'un, le surpoids de l’autre… Des remarques qui auraient pu passer inaperçues si elles avaient été dites avec tact deviennent blessantes quand elles se transforment en reproches, répétés avec insistance !

Cette cruauté devient de plus en plus drôle au fil des scènes, pour un final détonant.

Nous regrettons simplement que la distribution soit si inégale, avec Eva Darlan et Frédéric Bouraly très bons dans leurs rôles et les deux autres acteurs moins convaincants. Dommage…

Impertinent, cruel… mais surtout très drôle !
En arrivant à ce dîner familial, personne ne s’attendait à ce que Flo allait leur proposer…

Résumé :
Coincée entre un fils accro à l’argent (Frédéric Bouraly), une fille mère de famille au bout du rouleau (Maud Le Guénédal), et un cadet artiste fainéant (Erwan Creignou), leur mère (Eva Darlan) a décidé elle de s’éclater. C’est son tour maintenant d’avoir la belle vie. Et tant pis si ca ne plait vraiment pas à ses enfants. Le dîner de ce soir va être explosif et son mojito risque de ne pas passer. Pourtant dans cette famille chacun peut y reconnaitre un peu de la sienne. Conseil de famille est une comédie impertinente, drôle et cruelle.

Comédie de Amanda STHERS et Morgan SPILLEMAECKER

Mise en scène de Eric CIVANYAN

Avec : Eva DARLAN, Frédéric BOURALY, Maud LE GUENEDAL et Erwan CREIGNOU.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article